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NFT : 3 lettres pour comprendre les ventes records sur le marché de l’art

Numérique et juridique

NFT : 3 lettres pour comprendre les ventes records sur le marché de l’art

Droit Au coeur des disruptions

Une œuvre numérique vendue 69,3 millions de dollars, un tweet du fondateur de Twitter acheté 2,9 millions de dollars, des extraits vidéo de matchs NBA qui s’échangent plusieurs milliers d’euros… Rien de tout cela ne serait possible sans les NFT ! Qu’est-ce qui se cache derrière ce sigle ? 

Des ventes records sur le marché de l’art  

Les NFT (non-fungible tokens) ou jetons non-fongibles, en français, sont en train de devenir un phénomène avec des ventes records. Cet usage basé sur la blockchain bouscule le monde de l’art et, plus globalement, de tout ce qui peut se collectionner. Trois exemples dans le secteur de l’art illustrent parfaitement le phénomène. L’artiste Beeple a vendu un NFT portant sur une œuvre à 69 millions de dollars, de grandes maisons de vente comme Christie’s réalisent des enchères de NFT et un collectionneur de Banksy a détruit le support d’une de ses œuvres dans le but unique de créer un NFT associé à cette destruction. Au-delà de ces exemples, des entreprises dédiées aux NFT réalisent des levées de fonds importantes comme Opensea (23 millions de dollars), plateforme d’achat de NFT, ou encore, l’entreprise française Sorare (40 millions d’euros) réalisant des NFT de cartes numériques à collectionner de sportifs.  

Qu’est-ce qu’un NFT ?  

Pour simplifier, les NFT s’appuient sur la technologie blockchain pour garantir l’authenticité et la traçabilité des fichiers numériques. Les NFT sont des jetons utilisés sur blockchain ayant la particularité d’être uniques et de contenir de nombreuses métadonnées d’identification, comme autant de marqueurs de leurs caractéristiques et de l’identité de leur émetteur. Il s’agit de jetons inscrits sur une blockchain après avoir été créés par des instructions informatiques appelées smartcontract (en français contrats intelligents) définissant leurs caractéristiques et permettant de les identifier par l’attribution d’une adresse unique sur un protocole blockchain. Ces jetons peuvent pointer vers des fichiers comme des jpeg ou des gifs par l’intégration de liens dans leurs métadonnées. Un NFT n’est donc ni une œuvre ni un fichier mais il s’agit d’un certificat ou d’un contrat augmenté et il s’agit là d’une innovation d’usage majeure dans un monde de l’économie numérique. Pour autant comme dans les activités classiques, un certificat s’il n’est pas reconnu expressément par la loi, se doit d’être suffisamment explicite et disposer de clauses suffisamment clairement rédigées pour faire naître des obligations et des droits dans la relation entre son émetteur et à son détenteur.  

Créer de la rareté numérique avec les NFT 

Qu’est-ce qui fait la valeur des NFT ? La valeur des NFT dépend de leur rareté c’est-à-dire de l’effectivité des droits qu’ils accordent à leur détenteur pour garantir cette rareté. Un NFT basique n’est qu’un jeton unique échangeable pointant vers un lien, mais un NFT peut également intégrer un contrat ou un certificat et devenir un vecteur de droits et d’obligations. L’essoufflement ou l’amplification du phénomène des NFT dépendra de leur valeur intrinsèque et de la multiplication de leurs usages. Des entreprises de secteurs aussi différents que ceux de l’art, des jeux-vidéos ou de l’immobilier se penchent sur les opportunités ouvertes par les NFT en tant que véhicule de rareté numérique.  Face à de telles opérations la valeur de marché de certains NFT paraît établie, mais en y regardant plus précisément la contrepartie à ces sommes n’est pas toujours clairement établie ou comprise par les vendeurs et les acheteurs. 

Pourquoi un tel engouement ?  

Les NFT bénéficient de l’essor des « métavers », ces mondes virtuels, à l’image de Second Life, qui se multiplient avec la généralisation des casques de réalité virtuelle. Ces univers fonctionnant pour certains sur blockchain (comme par exemple Decentraland) se structurent autour de la notion de rareté virtuelle, des parcelles numériques dans ces univers pouvant être achetées pour obtenir le droit exclusif pour leur détenteur de les éditer, c’est-à-dire de construire sur cette parcelle numérique. Ces métavers sont également les lieux désignés pour de nouvelles formes de galeries numériques, de curation artistique, de vente aux enchères de NFT et pourquoi pas de défilés d’avatar. 

Jusqu’où iront les NFT ?  

A l’instar des bitcoins, les NFT ouvrent de nouveaux possibles pour la monétisation de biens matériels et immatériels dans une économie de la rareté numérique, et offrent ainsi une alternative décentralisée à la toute-puissance des GAFAM dont la puissance économique dépend en grande partie de la gratuité ou de la quasi-gratuité du contenu diffusé sur Internet. 

Matthieu Quiniou est avocat au barreau de Paris, co-fondateur du cabinet Legal Brain Avocats dédié au droit du numérique – enseignant-chercheur à l’Université Paris 8 (Laboratoire Paragraphe). Il est auteur de : « Investir et se financer avec la Blockchain » (éditions ENI), « Blockchain : l’avènement de la désintermédiation » (éditions ISTE/Wiley).

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